Il y a quelques mois, les affiches faisant la promotion du « Petit Manuel Sex Education » se sont étalées partout dans les rues et dans le métro pour faire la promotion de la saison 2 de la série du même nom. C’est peut-être une opportunité pour nous interroger sur l’éducation sexuelle que nous voulons pour nos enfants et nos adolescents.

Lingerie sexy, pénis et clitoris sont les images clés des affiches en question. Quel message est véhiculé ? Quel impact sur les enfants et les adolescents d’être dans un premier temps exposés à ces images et quelles conséquences quand ils auront lu ce Petit Manuel ?

Le mot manuel renvoie d’emblée à « mode d’emploi ». L’éducation affective serait donc affaire de mode d’emploi (on transmet des « techniques de masturbation »). On réduit la sexualité à une activité mécanique dans laquelle le but sera exclusivement le plaisir, et l’enjeu, la performance. L’adolescent qui fait face aux immenses bouleversements de son corps et de son psychisme subit en plus l’injonction d’être performant. Alors qu’il tente de comprendre les changements corporels et affectifs qui s’opèrent en lui et qu’il est sur un chemin ardu d’unification de sa personne, on lui propose de scinder totalement sentiments et sexualité. Le rôle des adultes et de la société n’est-il pas d’aider l’enfant et l’adolescent à grandir, à unifier son être pour devenir un adulte autonome, responsable et respectueux des autres ?

Faisons confiance à nos jeunes, les adultes de demain, soyons convaincus qu’ils sont capables d’unifier affectivité et sexualité. Préférons les aider à s’interroger et à réfléchir plutôt qu’à leur transmettre un savoir ou leur laisser croire qu’il existe un mode d’emploi. Osons répondre à leurs questions. Les parents ont cette responsabilité de favoriser un environnement réceptif qui permettra aux jeunes de venir poser leurs questions en confiance plutôt que de les poser sur internet ou dans la cour de récréation. Si, légitimement, le lien de proximité familiale ou l’histoire personnelle et singulière du père ou de la mère, rendent la communication plus difficile, n’hésitons pas à inscrire nos enfants dans un parcours d’éducation affective et sexuelle.

La sexualité est belle lorsqu’elle est vécue dans le don réciproque, le respect et le consentement lié à une maturité affective réelle. Ce n’est malheureusement pas le message véhiculé par « Sex Education » que regardent nos jeunes. Le vocabulaire utilisé est vulgaire et rappelle les codes de la pornographie. L’homme et la femme y sont réduits à leur seul organe sexuel et à la quête du plaisir physique.

Avec l’avènement du numérique, les réseaux sociaux, la publicité, tous les enfants et adolescents sont soumis à des informations, voire sollicitations sexuelles (mécanisme d’excitation entrainé par certaines images). Comme parents et éducateurs, il est urgent de ne pas délaisser ce terrain par fausse pudeur ou crainte. Cherchons à instaurer un dialogue depuis le plus jeune âge, en répondant progressivement aux questions qui émergent. Construisons ce dialogue dans la durée pour qu’à l’adolescence il existe déjà. Créons ce climat de confiance. Il sera alors temps de passer le relais à d’autres adultes de confiance, adultes formés et respectueux afin de respecter l’intimité psychique du jeune et le naturel processus de séparation en jeu à l’adolescence. Ne nous décourageons pas devant nos blessures, nos craintes, nos insuffisances et nos erreurs, formons-nous. Il existe de multiples propositions en termes de conférences, livres, parcours. Le défi en vaut la chandelle !